Dans cet article je fais suite à toutes mes recherches sur la qualité des différentes sources de protéines en vogue et notamment les nombreuses études scientifiques dont j’ai tenu compte lors de mes derniers articles : les protéines de boeuf, quelles protéines choisir pour prendre du muscle, les protéines végétales.
Les études scientifiques sont-elles toutes exactes, sont-elles infaillibles et peut-on les prendre comme paroles d’évangile ?
C’est la grande mode à ce jour, vous l’avez certainement remarqué dans le monde du bodybuilding, tout du moins en France, il ne passe pas une semaine sans qu’on vienne citer un article contenant des références scientifiques mettant à nues tous les fondamentaux appliqués jusqu’ici.
Cette tendance d’user et d’abuser de la science pour démontrer tout et son contraire s’applique non seulement pour la nutrition, mais aussi pour l’entraînement.
Les études scientifiques finiraient par avoir plus de valeur que l’expérience du terrain si nous laissons tout dire et tout faire.
C’est pourquoi aujourd’hui je me dois de faire un point sur ce qui est devenu une banalité.
Sommaire de l'article :
LES ÉTUDES SCIENTIFIQUES EN MUSCULATION SONT-ELLES INFAILLIBLES ?
Le piège d’une lecture rapide sans analyse des références scientifiques
Majoritairement, il faut le dire, personne ne se donne la peine de lire ces soit disantes études.
La principale démarche du lecteur est la suivante :
1 – je fais une recherche sur google ou sur un blog que je suis,
2 – je fais confiance à l’auteur, car c’est un bloggeur reconnu et influent,
3 – je lis le dernier article avec un titre accrocheur,
4 – je survole 50% du texte car tout ne m’intéresse pas,
5 – je retiens que tel produit n’est pas très bon (et ses effets) à cause d’une récente étude,
6 – je crie aux scandales sur facebook et je vais voir si les autres ont changé leurs habitudes.
De ce fait, il n’est retenu qu’une partie de l’information, celle qui semble nous concerner directement, sans même savoir si les ressources scientifiques utilisées sont fiables.
C’est de cette façon ces dernières années que soudainement la whey est passée de « source de protéines star » à « source de protéines à bannir », c’est aussi de cette manière que les protéines végétales sont entrain de passer d’alternative à la whey, à « supplément à consommer modérément car probablement imparfaites, voir toxiques », etc.
C’est là le but de ces articles « pièges à clics » dont le lectorat ne retient que la conclusion et surtout le titre accrocheur.
Au gré des études scientifiques, les plus « courageux bloggeurs » d’entre nous utilisent ces informations pour créer du contenu éducatif.
Certains avec beaucoup d’influence et grâce à cette démarche réussissent à persuader un énorme paquet de lecteurs, rapidement.
On peut donc en conclure que l’information, finit par tuer l’information.
Analyse des études scientifiques
Que pouvons-nous tirer des études scientifiques ?
1 – Avant de répéter la conclusion d’un article quelle qu’en soit la source et son contenu enrichi de références scientifiques, il faudrait commencer par se demander si l’auteur sait lui-même déchiffrer la vérité de la littérature scientifique.
2 – Il faut aussi se demander si ces études scientifiques sont de qualités et valent qu’on en retienne la conclusion tirée.
Le nombre d’études scientifiques a explosé ces dernières années, ce n’est pas ce qu’il manque puisqu’il y a de plus en plus de sujets à analyser chaque jour.
On peut du coup se demander comment autant de données peuvent être traitées en si peu de temps tout en gardant une méthodologie viable permettant des conclusions proches de la réalité.
Toutes les études scientifiques ne se valent pas
Justement, ce n’est pas possible, c’est pourquoi toutes les études ne se valent pas.
Donc, pour en revenir à ce que je disais, non seulement il faut faire confiance en l’auteur des articles que vous lisez, mais en plus il faut garder un oeil critique et faire soi-même le bilan des ressources utilisées pour en tirer des conclusions.
Cela veut dire, lire soi-même de la littérature scientifique pour en déceler les erreurs.
Apprendre à lire une étude scientifique demande des années, car non seulement il faut savoir décrypter les données que la littérature nous fournie, mais il faut être capable de prendre le recul nécessaire à faire votre propre analyse de l’étude, connaître les méthodes utilisées, connaître les auteurs, et le contexte dans lequel cette étude a été menée.
1 – les scientifiques utilisent de plus en plus des bases de données, il faut donc également voir si la base utilisée est fiable (si accessible au public).
2 – comprendre la méthodologie utilisée, aucune n’étant vraiment infaillible, il faut être capable d’en tirer des conclusions avant même d’avoir lu toute l’analyse (en règle générale la taille de l’échantillon fait déjà foi).
Exemple de l’analyse d’une étude scientifique
La protéine de blanc d’oeuf avec du cacao provoque des maladies d’ordre intestinale.
Prenons 5 000 personnes qui sont des consommateurs(rices) réguliers de blanc d’oeuf avec du cacao et vous les suivez sur X temps.
Au bout de cette période d’étude, vous remarquez que 4950 personnes développent des maladies intestinales.
Si vous êtes un scientifique malhonnête, alors vous allez dire que le blanc d’oeuf mélangé à du cacao provoque des maladies intestinales.
Statistiquement, votre hypothèse exclut le hasard (95 % des résultats montrent un effet), mais vous n’avez pas pris en compte tous les autres facteurs.
Peut-être que ces 5000 personnes étaient déjà susceptibles de développer des maladies intestinales et donc, le blanc d’oeuf cacao n’a pas d’effet.
Ces personnes ont également pu manger autre chose ayant pu augmenter le risque des troubles intestinales.
La grande difficulté des études est de réduire le risque lié au hasard.
« La science n’est pas un processus froidement neutre. C’est une activité d’hommes et de femmes, avec leur grandeur mais aussi leurs petitesses… » (Pierre Barthélémy @PasseurSciences)
Un article « piège à clic » pour influencer les comportements
Pour changer le comportement des lecteurs, et la consommation d’un groupe de personnes, il faut :
– une personne d’influence (visible) sachant écrire,
– un article mettant en avant une information donnée dans de récentes études scientifiques,
– un titre volontairement dramatique et piège à clics,
– une forte visibilité de cet article par une communauté x,
– le partage de la conclusion de cet article sur les réseaux sociaux au sein d’une communauté et ailleurs.
Résultat :
Une masse importante de lecteurs n’auront qu’une bride d’informations, s’en tenant probablement à la conclusion ou au titre.
Pourtant, ces derniers vont sans doute changer leurs habitudes sous l’influence de l’effet de masse sans même savoir si le contenu en vaut la peine.
C’est pourquoi il faut faire soi-même sa propre analyse.
LES ÉTUDES SCIENTIFIQUES EN MUSCULATION SONT-ELLES INFAILLIBLES ? – CONCLUSION
Mes récents articles sur les différentes sources de protéines se basant sur des études scientifiques ne feront foi que si ces études s’avèrent de qualités et fiables.
N’étant pas scientifique, et n’ayant pas passé les 20 dernières années à me pencher sur la recherche scientifique je ne peux affirmer une telle chose en toute objectivité.
C’est pourquoi, j’en ai tiré la conclusion suivante :
Pour éviter les effets délétères d’un aliment, d’un ingrédient, d’un supplément, il faut :
1 – éviter les excès,
2 – varier le plus possible votre alimentation, vos sources de protéines, vos sources de glucides,
3 – arrêter de croire chaque média qui s’auto-proclame « en guerre » contre l’industrie de l’agroalimentaire.
A mon sens, aucune étude à ce jour ne peut objectivement me faire arrêter la consommation d’une whey, et sûrement pas en prétextant une augmentation de l’insuline lors de la digestion.
Aucune étude à ce jour ne peut objectivement me faire arrêter la consommation de protéines végétales sous prétexte qu’elles ont sans doute un effet négatif sur la perméabilité intestinale.
Toutes ces études ne se valent pas, la majorité tiennent compte uniquement de groupe témoin avec de fortes consommations tests, ou de trop petits échantillonnages.
De plus, ne dit-on pas que chacun est différent ?
Je ne veux surtout pas changer mon alimentation sous l’influence des modes, ou des médias qui actuellement profitent d’un certain intérêt des gens pour ce qu’ils mangent afin de mener des combats contre tous les aliments possibles.
A ce jour tout le monde est conscient des graves risques lié à la consommation régulière et importante d’alcool, pourtant par moment j’ai le sentiment que certains combats sont menés au mauvais endroit, à des risques bien moins importants que pour la consommation exagérée d’alcool.
Boire « un seul » verre de vin par jour à probablement aucun impact directement sur votre santé si vous êtes sportif ou non sportif.
Mieux il existe tellement d’études, qu’en un claquement de doigt, je peux faire référence à une étude d’octobre 2009 qui dit : L’apport régulier et modéré en vin rouge est lié à une meilleure santé sexuelle chez les femmes (source : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19627470).
Cette référence quelque peu idiote et « rapide » montre qu’il n’est pas facile de tirer des conclusions uniquement parce que Monsieur X a écrit que ceci ou cela est mauvais.
Il y a toujours quelque part une étude qui contredit la première et qui peut être maladroitement reprise pour soutenir un article « piège à clics ».
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