Découvrez l’interview d’un coach sportif Américain Duc Long DINH. Duc Long est à la base un enseignant Français originaire de Marseille, expatrié à Miami Beach aux Etats-Unis, où il vit aujourd’hui de sa passion, le sport et plus précisément de musculation. Vous l’avez peut-être aperçu dans le documentaire sur Miami réalisé pour «50 minutes inside» diffusé sur TF1, pour lequel il a été sollicité.
Nous avons récemment eu l’occasion d’échanger par email et j’ai rapidement pris la mesure de sa passion pour le sport, le coaching, la musculation et de son parcours des plus atypique qu’il me fallait partager.
De Marseille à Miami Beach, je vous laisse découvrir à travers cette interview d’un coach sportif Américain le rêve Américain de Duc Long DINH qui saura intéresser les coachs sportifs comme les amateurs de musculation et toutes les personnes avec des projets plein la tête.
Sommaire de l'article :
INTERVIEW D’UN COACH SPORTIF AMÉRICAIN ACTIF A MIAMI
Peux-tu te présenter à toute la communauté, d’où viens-tu, quel âge as-tu, et que fais-tu dans la vie ?
Bonjour à tous !
Je m’appelle Duc Long DINH, je suis né à Marseille et je suis coach (fitness, nutrition et cooking) de 47 ans, installé à Miami depuis 2010.
Quand et comment as-tu commencé à t’intéresser à la musculation et qu’est ce qui t’a poussé à devenir coach ?
J’ai commencé la musculation relativement très tard, à 24 ans, basée uniquement sur le poids de corps à cette époque. Ce n’est que l’année de mes 26 ans que je me suis mis à la pratique de la musculation en salle, lorsque j’ai commencé la pratique régulière du Jujitsu puis du Krav Maga.
J’ai eu en fait une première carrière, en parallèle au coaching. J’étais en effet enseignant et formateur d’enseignant à Marseille. Le coaching, qui à l’origine restait une activité parallèle, est devenu mon activité principale depuis. Elle me permet chaque jour de concilier mes deux passions, l’enseignement et la musculation.
Peux-tu nous raconter ton cheminement vers les Etats-Unis ? Qu’est ce qui t’a attiré sur le sol Américain, et plus particulièrement à Miami ? As-tu aujourd’hui la nationalité Américaine et as-tu eu des difficultés pour avoir ta fameuse carte verte ?
Mes origines culturelles (du Vietnam) ainsi que celles de ma femme (elle est Brésilienne) nous ont toujours poussés à voyager en dehors de l’Europe chaque année.
L’expatriation nous avait toujours fait rêver, nos origines culturelles et notre goût du voyage nous ont en effet toujours poussés à sortir de France (et les retours à Marseille en provenance de voyages à l’étranger nous laissaient à chaque fois dans une forme de déception d’une vie qui ne nous correspondait plus).
Ma femme avait eu un coup de cœur pour la ville de Miami Beach lors de ses déplacements professionnels. Elle a réussi à obtenir un poste local par son entreprise en 2010 (la CMA CGM), et c’est ainsi que je l’ai suivie. On avait un temps hésité pour partir s’installer à Rio de Janeiro mais la relative insécurité au quotidien nous en a dissuadés.
Miami Beach (qui est une ville à part entière extérieure, située en face de Miami) nous offre ainsi une vie sur le littoral associé à un climat très favorable toute l’année et avec une insécurité totalement moindre que Rio.
Je suis passé par un visa investisseur, cela a été un parcours relativement difficile mentalement et financièrement. J’ai obtenu depuis la carte verte par le biais de ma femme qui l’avait acquise par son entreprise. Il me faut attendre encore deux ans avant d’obtenir la nationalité.
Tu as passé un diplôme de coach aux Etats-Unis alors que tu avais déjà des diplômes Français, peux-tu nous raconter comment était organisée ta formation, combien de temps elle a duré, et combien elle t’a coûté ?
Le diplôme américain de coach est en effet indispensable afin de pouvoir être assuré professionnellement. Ma formation auprès du National Council for Certified Personal Trainer (NCCPT) s’est effectuée en ligne. Il m’a fallu six mois environ pour préparer l’examen, à raison de six heures par jour de temps d’études. Elle coûtait 600 $ à l’époque.
Selon toi la formation de coach US est meilleure que la Française, ou est-elle simplement différente ?
Je dirais différente avec ses avantages et ses limites.
Les limites de cette formation sont qu’il n’y a pas eu de test d’aptitude physique.
Le point « positif » est que le diplôme n’est valable que deux ans. Le coach américain est en effet tenu par l’obligation de formation continue tous les deux ans avec passage d’examen à la clé.
La réussite à ces examens est la condition sine qua non afin que son diplôme soit prolongé de deux ans. Cela oblige donc les coachs sportifs à poursuivre leur formation tout au long de leur carrière.
Évidemment, cela implique un coût à la fois financier pour payer cette formation et l’examen, et surtout un coût en temps pour étudier. Ce qui peut expliquer certaines dérives professionnelles, lorsque la formation n’est plus réalisée tous les deux ans.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton rythme et ton style de vie Américain en tant que coach, combien d’heures dois-tu travailler pour vivre ?
Je commence généralement avec mon premier client à 6h30 du matin, soit dans mon immeuble où se trouve une salle de gym pour les résidents, soit à l’extérieur. Je ne fais que du coaching personnel.
Le climat de Miami m’offre l’opportunité de travailler en extérieur toute l’année. Les immeubles de résidence possèdent très majoritairement leur propre salle de gym, ainsi que les immeubles de bureaux.
J’interviens donc, soit dans la salle de gym de l’immeuble d’habitation, soit dans celle de l’immeuble de travail, soit dans le jardin du particulier vivant en maison. Je travaille aussi dans mon propre immeuble qui possède sa salle de gym (et où je m’entraîne personnellement).
La haute saison à Miami démarre à la fin de l’automne et s’achève au début de l’été. C’est à cette période-là que l’activité bat son plein, régulièrement 7/7 jours. En comprenant la préparation des programmes des séances, le déplacement, les entretiens pour des bilans physique et nutritionnel, les séances elles-mêmes de fitness et/ou de cooking, une journée de travail s’étale entre 10 et 14 heures en haute saison.
Miami étant une ville chère, il faut un temps de travail 6/8 heures minimum quotidiennement, surtout pour anticiper la saison basse, en été où la ville se déserte des résidents et des touristes.
Miami Beach accueille en effet massivement ses touristes ou des résidents saisonniers (du Canada ou du Nord des US) durant l’hiver, car la température reste relativement élevée sans les inconvénients de la saison estivale avec son taux d’humidité tropicale et ses moustiques (je travaille l’été avec du répulsif quotidien lors des coachings extérieurs).
Mon style de vie se rapproche de celui des Américains dans le sens où le travail occupe une majeure partie de mon temps, laissant peu de temps pour la vie personnelle. C’est la culture de l’entrepreneuriat et du risque qui prévaut où le travail est roi, laissant peu de place aux acquis sociaux (les congés payés américains sont de 2 semaines par an en moyenne, pas de congés maternité, pas de préavis de licenciement, etc.).
Que peut-on espérer comme rémunération en tant que coach sportif privé à Miami ?
Cela reste difficile à quantifier car la rémunération s’avère très variée selon :
- son type de clientèle (moyennement aisée à très aisée).
- son réseau de clientèle (le nombre de clients).
- la fidélisation de sa clientèle.
- son type d’activité, notamment en ligne où les revenus peuvent être sans limite grâce à une forte renommée via les réseaux sociaux. Je n’ai par contre pas du tout ce type de renommée.
L’activité de coach privé est très concurrentielle à Miami (et il y a un certain nombre de coachs français ici). L’activité reste ainsi précaire si l’on débute sans avoir encore construit puis fidélisé un réseau de clientèle. Mais elle peut être prospère, surtout pour ceux qui auront une renommée, notamment via les réseaux sociaux.
La question avait été posée sur le site Salary.com en septembre 2019. Il fait état d’un salaire moyen brut pour un coach privé à Miami de 58 952$ annuels, avec une frange s’étalant de 42 545$ à 72 418$. Mais il existe bien sûr des coachs devant cumuler un second emploi pour survivre décemment.
Sur le plan national, selon le WebMD, un site d’information reconnu sur la santé et le bien-être, la moyenne horaire du coût d’un coach est de 50$.
Est-ce que la musculation est plus ancrée dans le paysage sociale qu’en France, permettant ainsi plus de débouchés ?
Oui, tout à fait notamment dans la culture architecturale avec la présence de salle de musculation dans les immeubles de résidence et de bureau. Ce qui reste paradoxal quand on observe le taux d’obésité impressionnant aux États-Unis. Cela peut s’expliquer entre autres par un manque d’éducation et de culture sur la santé au niveau nutritionnel et par le coût élevé d’une alimentation saine (notamment pour une viande sans antibiotiques, sans hormones et sans stéroïdes !).
Miami Beach, qui est une ville à part entière avec sa propre Mairie, sa propre police, etc. (donc bien distincte de la ville de Miami, en face sur le continent) possède cette culture de l’image du corps (pour ne pas dire ce culte du corps), on constate en effet beaucoup moins d’obèses que dans d’autres villes américaines.
Le climat très privilégié entraîne en quelque sorte une pression esthétique permanente toute l’année (du corps « travaillé »). Avec l’absence marquée du cycle des saisons, les tenues légères sont en effet présentes toute l’année, on ne retrouve pas l’approche des beaux jours du printemps qui appellent à se dévêtir et donc à se remettre au sport (si on s’est empâté l’hiver).
Et il reste possible de pratiquer la musculation non seulement en extérieur toute l’année, mais également sans inscription dans une salle de gym. Miami Beach possède un emplacement public ouvert, dédié à la musculation, appelé « Muscle Beach », près de la plage. Je l’évoque dans une interview télévisée in situ, sur TF1 dans l’émission 50’inside (voir mon FB ou mon Instagram).
Y-a-t-il une différence d’état d’esprit des particuliers vis à vis des coachs sportifs qu’en France, quel est le rapport avec les coachs, ont-ils plus de succès, sont-ils plus facilement sollicités ?
Je dirais oui, pour deux raisons principales : la première évoquée dans la réponse à la question 8, et la seconde par le pouvoir d’achat relativement élevé d’une partie des Miamiens (les habitants de Miami) et des résidents saisonniers. Cette partie de la population s’adresse ainsi à un coach comme elle peut aller chez le coiffeur. Cela fait partie d’un certain mode de vie où l’on prend soin de sa santé et de son corps. Il est ainsi courant qu’une personne ne réalise ses entraînements qu’avec la présence d’un coach personnel, et ce, toute l’année. En ce qui concerne mes clients saisonniers qui voyagent professionnellement, ils ont leur propre coach dans chaque lieu de déplacement.
Le coaching à distance en musculation connait-il le même essor qu’en France où l’on voit tous les jours de nouveaux sites se développer ?
Oui, tout à fait. Le coaching à distance connaît effectivement le même essor, parallèlement à cela, les applications en fitness (telles que 8fit, Jefit ou Fitbod) ne cessent de se multiplier. Je vois presque autant de pratiquants s’entraîner avec un coach qu’avec son app.
Je ne peux pas parler de musculation et de Miami dans une même discussion sans penser au dopage qui semble être une norme naturelle chez les bodybuilders Américains même amateurs, est-ce vraiment le cas partout, ou n’est-ce qu’une minorité ?
Avant d’aborder le dopage, il est intéressant de constater que les cures de testostérone auprès d’un médecin vers un public sénior (+ de 40 ans) se sont généralisées aux US depuis plus d’une dizaine d’années (avec prise en charge en partie par leur assurance maladie). Et ce, sans que ce public soit forcement des adeptes de la musculation mais davantage pour un gain de vitalité, d’énergie. Mais, bien sûr, une autre partie de ces seniors exploitent ces cures pour leurs entraînements personnels. Et il m’arrive régulièrement de croiser un quinquagénaire ou un sexagénaire avec une musculature très bien développée (mais sans nécessairement être hypertrophiée).
Concernant à présent les pratiquants professionnels et amateurs, le dopage est effectivement devenu une norme et une pratique très répandus. Ceci est renforcé par le pouvoir de l’image via les réseaux sociaux. En tant que professionnel en fitness, mon physique de pratiquant naturel me donne peu de crédibilité pour une certaine frange du public de ces réseaux (à 47 ans, et 91 kg pour 1,77 m, j’ai atteint mes limites naturelles de développement musculaire). Cela me classe dans cette minorité de coach au physique tout à fait quelconque (pour ne pas dire mince) lorsque j’interviens dans certaines salles de gym à Miami.
Comment est perçu le dopage en musculation ?
C’est une pratique reconnue et acceptée comme une norme où un certain nombre ne s’en cache. Et pour certains, cela reste toutefois encore du domaine de l’implicite voire du tabou, notamment s’il y a un enjeu médiatique. Les conséquences cardiaques n’étant pas encore généralisées, mais qui le seront à long terme, cela laisse encore une marge de croissance sur ce type de marché.
Sur les sites Américains, si je m’y réfère, j’ai l’impression que rien n’a changé, les intérêts sont toujours les mêmes pour le split et le full body avec des techniques d’intensification propres aux utilisateurs dopés, je me trompe ?
Effectivement, ces intérêts restent majoritairement semblables calquées sur des techniques d’intensification de pratiquants non naturels.
Concernant l’intérêt pour le tout naturel et le bio, je me base sur le profil de ma clientèle et dirais qu’il se développe pour un public relativement aisé, qui ne cherche pas forcement le développement de la masse musculaire, mais plutôt un corps tonique et en forme. Cela constitue 70% des objectifs demandés dans ma clientèle.
Quant aux suppléments mis en avant, ils n’ont guère évolué et contrairement à la France il ne semble pas y avoir un intérêt pour le tout naturel et le bio, quelle est ta vision sur le terrain ?
Très bonne question en effet, car c’est un marché qui pèse très lourd aux US (37 milliards de dollars par an/30 milliards d’euros, selon les derniers chiffres). Pour répondre à cette forte demande, de nombreuses chaînes de compléments alimentaires ont vu le jour aux US dès les années 60, telles que GNC (General Nutrition Centers) la plus importante chaîne aux US. Elle compte plus de 4600 magasins aux US, dont 20 à Miami. Si une importante fermeture de leurs magasins (900 aux US et Canada) est programmée, la croissance de ce marché reste plus que d’actualité. Cela correspond en fait à une mouvance économique générale où les centres commerciaux se désertent au profit de l’achat en ligne.
Si on peut affirmer que la majorité des américains consomment des compléments alimentaires, il est à noter que la quantité consommée augmente avec l’âge, l’éducation et le revenu. Cela correspond à la catégorie socio-professionnelle principale de ma clientèle, quadragénaire et cadre.
Si on se réfère au nombre (20) de magasins GNC implantés à Miami et son agglomération, c’est autant que pour la 1ère ville des US, New York.
Mes clients, pour la grande majorité, consomment de leur propre chef des suppléments en vitamines (plutôt vitamine particulière que multi-vitamines). En revanche, j’ai constaté que leur apport en protéines pour au moins 80% d’entre eux était insuffisante en quantité et en fréquence de consommation au regard de leurs objectifs demandés.
Suite à mes recommandations :
- 50% d’entre eux ont inclus les protéines en poudre dans leur alimentation (les autres ayant augmenté leur consommation de protéines en aliments naturels).
- 30% prennent à présent du curcuma (Turmeric aux US) et des omégas-3, et 10% du collagène et de la glucosamine. Je consomme tout cela à titre personnel pour mes articulations et un peu de zinc également.
Finalement, est-ce que tu regrettes la France pour tout le confort qu’elle pouvait t’apporter (sécu sociale, retraite, etc) ou finalement tu vies mieux aux Etats-Unis en travaillant plus ?
Il est vrai que j’avais toujours considéré les avantages sociaux lorsque je vivais en France comme des acquis. Après neuf années de vie au pays de l’oncle Sam, je les perçois davantage comme un réel privilège, comme une réelle chance culturelle et historique.
Malgré cela, je ne regrette pas notre départ de la France car cela ne correspondait plus à nos aspirations de vie. Il y aurait eu, par contre, un regret si nous n’avions pas franchi le pas. La monotonie commençait à nous ronger malgré un confort et une sécurité matériels. Cela s’explique, comme développé précédemment dans la réponse 3, en partie par nos origines culturelles. Nous avions besoin d’un climat et d’un état d’esprit différents (qui nous auraient été susceptibles de trouver dans un autre pays également). D’un point de vue purement matériel pour mon activité de coach, je n’aurais pas pu trouver cette opportunité de développement économique dans ma vie natale. Miami offre en effet à la fois une forte demande et un pouvoir d’achat élevé (et ce, malgré la concurrence).
Qu’as-tu à dire aux gens qui souhaitent comme toi devenir coach est migrer aux Etats-Unis ?
Se mettre à son propre compte à l’étranger, notamment aux US (où le coût de la santé est prohibitif) n’est pas une chose aisée mais c’est bien le pays qui offre la possibilité aux personnes ayant une forte volonté de travail de réussir.
La culture d’entrepreneuriat est en effet reine aux US. Cela se traduit à la fois par une possibilité de création d’entreprise relativement plus rapide et par une mise en valeur de la réussite.
Miami reste certes très concurrentielle pour le coaching privé mais parallèlement à cela, la demande s’avère très importante et le pouvoir d’achat élevé voire très élevé.
Et bien sûr, les conditions de travail que cela soit d’un point de vue climatique et tout simplement du cadre restent exceptionnelles. C’est la moindre compensation à un travail soutenu.
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Si vous êtes de passage à Miami et que vous avez besoin d’être encadré pendant vos vacances, retrouvez Duc Long DINH de l’interview d’un coach sportif Américain via son site personnel : http://www.personaltrainerduc.com/
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