Les objectifs en musculation sont en 2020 aussi fantasmatiques que ce que l’on aurait pu penser du scénario du film Wall-E sorti en 2008.
Pour ceux qui n’ont pas vu le film d’animation, l’humanité entière a fui la terre (trop polluée pour y vivre) dans un vaisseau à bord duquel chacun est assis 24h/24 dans un fauteuil sirotant des centaines de milk-shakes, la tête rivée sur une tablette informatique, sans jamais se préoccuper de son voisin et certainement pas de sa condition physique. Pour faire simple, ils sont tous obèses et n’arrivent même plus à tenir en équilibre sur leurs 2 pieds. Il n’y a plus de réflexions, donc plus d’ambitions, l’Humanité tout entière est lobotomisée et réduit à vivre à l’état de larve.
Sommaire de l'article :
LES OBJECTIFS EN MUSCULATION EN 2020 VS WALL-E
Les objectifs en musculation dans les années 2000
Quand j’ai débuté la musculation et que j’ai commencé à fréquenter des passionnés, l’objectif en terme de développement musculaire qu’avait la majorité de mes camarades de fonte était une carrure type Arnold Schwarzenegger, massif, solide, et fort. Même si ce n’était déjà pas réalisable (à cause d’une utilisation importante de produits dopants) Arnold avait malgré tout un physique qui semblait « naturel » (avec 25 à 30 kg de moins que les compétiteurs d’aujourd’hui) et nous laissait penser que son esthétique était atteignable.
Des objectifs de performances
Côté performances, on visait les objectifs de Ronnie Coleman. Les douleurs, les blessures, on n’y pensait pas et pour être franc on ne faisait pas grand chose pour les éviter. La passion prenait l’ascendant sur tout, et qu’importe si parfois on soulevait lourd sans être totalement propres dans nos techniques. On progressait et c’est ce qui nous réjouissait le plus. Plus de muscles, et toujours plus de force, je voulais progresser coûte que coûte même s’il fallait que je calcule tout, mon temps de sommeil, mes temps de récupérations, etc..
Des objectifs alimentaire
Côté nutrition, on mangeait comme les anciens du fromage blanc, du blanc de poulet par kilo, et on oubliait pas notre dose de caséine avant d’aller au lit. Pas de chichis avec les IG élevés (cf. insuline et pic de glycémie toute la vérité), avec les concentrés de whey, et tant mieux si on était plus proche des 3 grammes de protéines par kilo de poids de corps que des 1,6 g. A ce moment là, plus on mangeait et mieux cela semblait être, les abdos n’étaient qu’un élément esthétique secondaire, rien de bien important. Pour certains les apports élevés en glucides ont considérablement améliorés leurs performances sur les exercices de force comme le développé couché (et c’est toujours le cas aujourd’hui), vous avez déjà vu un Strongman mince ?
Pour ça, il fallait compléter l’apport en protéines avec 2 ou 3 shakers de whey par jour en plus de la caséine sans compter les centaines de grammes de poulets et de fromage blanc. Certains mangeaient 400 ou 500 g de fromage blanc tous les soirs par crainte de manquer de protéines (je ne citerais personne et je ne me dénoncerais pas si facilement).
De nouveaux objectifs en musculation pour 2020
Aujourd’hui je suis le vieux (mais encore fort) témoin nostalgique d’un état d’esprit complètement révolu.
En 2020, l’objectif d’une majorité de débutants c’est un physique à la Pierre Richard (photo d’en-tête), un acteur qui a fait mon époque et que j’apprécie. Son corps n’a rien de particulier, mais son personnage de « boulet » malgré lui dans les films et son physique maigrelet en font un bon exemple pour cette newsletter.
On veut tout, tout de suite, la douleur des efforts, la patience, le parcours, l’apprentissage pour atteindre les objectifs n’intéressent plus grand monde.
Les demandes que je reçois en témoignent. Certains rechignent faire plus que 30 minutes d’entraînement par séance quand il fallait en freiner d’autres d’en faire 3 heures il y a 10 ans. Sur les forums les photos de stars du bodybuilding utilisées comme objectifs esthétiques ont été remplacées par des stars de la chanson, où Eminem et Chris Brown ont eu leur place (ou presque).
Les rêves ne sont plus pareils, se sont-ils déjà adaptés aux états d’esprits?
Les objectifs de perte de poids en 2020
Pour perdre du poids, très souvent les réactions auxquelles je suis confronté sont un retour en arrière, un abandon. Quand il s’agit d’augmenter son activité physique pour brûler plus de calories que l’on consomme cela n’intéresse personne. Les régimes miracles à base de soupe, de fruits, de tisanes détox c’est sensé être ça la solution non ?
Quand je propose 2 heures de cardio par semaine, ça semble être le bout du monde alors qu’en fait ce n’est même pas un début quand il s’agit de perdre 10 kilos, l’alimentation ne faisant pas tout. C’est ainsi que certain(e)s perdent et reprennent des kilos comme ils changent de slips en se privant de tout, mais en gardant les mêmes habitudes physiques, c’est à dire un néant d’activité. Mais oui je vous le concède, le plus difficile est bien de changer ses habitudes physiques pour améliorer sa condition, et non de se priver du repas du midi pendant 15 jours (cf. mon article métabolisme bloqué) ce qui créé encore plus de problèmes de gestion du poids sur le long terme.
Les objectifs de progression à l’entraînement en 2020
Même ceux qui finalement ont réussi à se traîner jusqu’à la salle trouvent encore des excuses pour ne pas progresser.
Par exemple, cela fait un moment que l’on rappelle qu’il est normal de voir sa technique se dégrader avec la progression de la charge. Pourtant, une majorité cesse de progresser dés qu’il faut un peu forcer, préférant décharger rapidement. Je ne sais pas si c’est de la fainéantise, un manque de connaissances ou la peur de se blesser, mais cette habitude ne mène nul part. Si vous vous forcez à garder une technique irréprochable, contrôlée, ralentie, « belle », vous ne progressez pour ainsi dire très peu dans un premier temps et pas du tout sur le long terme.
Quand on veut progresser, on déborde naturellement un peu sur les conseils scolaires des mouvements, en devant se prendre quelques libertés. Pour autant ça n’en fait pas des mouvements à « hauts risques de blessures » comme on peut le lire dans des commentaires idiots sous certaines vidéos Youtube. Comme quand il y a plusieurs semaines on me prédisait un problème de dos parce que je prenais appui sur mes jambes au développé couché à 150 kilos (sur ma chaîne Youtube : StreetSP), le comble de la bêtise.
Effectivement pour un débutant qui ne connait pas les différentes techniques en musculation, commencer par faire n’importe quoi et n’étant pas préparer à un effort intense est à coup sûr un bon moyen de se provoquer des tendinites, des lumbagos et autres gênes musculaires et articulaires. Mais quand on ne fait pas n’importe quoi, que l’on s’entraîne plusieurs fois par semaine, que l’on a une alimentation adaptée, que l’on s’échauffe, que l’on se masse et enfin que l’on s’étire en conséquence, on minimise les risques et on est prêt à l’effort. Comme s’il était devenu plus important en musculation de ne pas prendre de risques, de ne pas ressentir de sensations de l’effort, d’éviter les courbatures, que de vraiment s’entraîner !?
Dans ce cas je leur réitère l’un de mes plus vieux conseil : « Faites de la peinture, de la couture, ou du canevas, ces loisirs me semblent être des activités spécifiquement respectueuses de la condition précédemment citée ». Ce n’est certainement pas en s’intéressant à la musculation que l’on s’intéresse à un sport que l’on pourrait qualifier de « santé » quand il est pratiqué à un certain niveau de performances, tout comme le football, le rugby ou même la course à pieds que l’on reconnait comme les plus traumatisants pour les articulations. Pour autant, doit-on s’abstenir et rester au plus bas de l’amateurisme pour se prémunir de tout risque ?
Une nouvelle génération de débutants en musculation avec des objectifs à la baisse
La nouvelle génération de débutants (de tout âge) arrive avec de mauvais repères, faussés par tout un tas de préjugés véhiculés aujourd’hui par les réseaux sociaux et par les avis promulgués par chacun (du non pratiquant, à la personne de mauvaise foi, aux jaloux, et à ceux qui n’y connaissent tout simplement rien). A l’époque nous n’avions pour ainsi dire que les magazines remplis de bodybuilders dopés pour nous motiver. Aujourd’hui les influences sont diverses et variées, et dans 80 % des cas elles sont trompeuses.
Force est de constater que ces préjugés les pousseront à rester progressivement à des niveaux de plus en plus faibles dans tous les sens du terme. Peut-on encore être surpris quand ces mêmes personnes trouvent irréels des physiques de pratiquants naturels, que nous mêmes nous trouvions « normaux » il y a 10 ans, et crient aujourd’hui automatiquement aux mensonges et au dopage?
Vu les niveaux des pratiquants qui arrivent, vu la mentalité changeante et les faux repères emmagasinés, le physique de Pierre Richard ou de Louis de Funès seront bientôt considérés comme les meilleurs objectifs esthétiques en musculation. Tout ce qui sera au-delà sera jugé comme naturellement inaccessible ou suspecté de dopage (cf. histoire du dopage en musculation).
Espérons que tous n’ont pas les mêmes objectifs et ne croient pas au flot impressionnant d’âneries que l’on peut lire. J’espère qu’ils creuseront un peu plus loin que les commentaires Youtube ou Facebook publiés par des personnes peu expérimentées, sans performances aimant à tirer tout le monde vers le bas pour que (surtout) personne n’atteigne un meilleur niveau que le leur.
LES OBJECTIFS EN MUSCULATION EN 2020 VS WALL-E – CONCLUSION
Dans 10 ans, avoir le physique de Pierre Richard sera considéré être un objectif trop élevé et inaccessible.
Soulever 80 kg au soulevé de terre sera considéré comme une excellente performance.
Prendre de l’avoine en poudre en collation sera considéré comme du dopage.
Alors oui, pour prendre du muscle (cf. la meilleure méthode pour prendre du muscle) il faut de la patience et de la discipline (régularité), et pour perdre du poids il en faut tout autant, avec un maximum d’activité physique pour relancer son métabolisme et brûler plus de calories que vous en consommez.
Comme dans tout sport, pour atteindre un meilleur niveau, il faut du travail.
Je croise les doigts pour que dans 10 ans vous ne retrouvez pas tous vos voisins (ou vous-même?) assis dans des fauteuils en lévitation avec 100 kg de trop au compteur, à siroter 24/24 h un milk-shake fraise/banane/nesquik.
Bibliographie :
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