Encore une fois le magazine des consommateurs remet en doute la qualité et l'utilité de certains compléments. Dans un nouveau numéro paru aujourd'hui 10 octobre, 60 millions de consommateurs a passé au crible 120 compléments alimentaires.

Comme toujours, suite à cette nouvelle et au vu de la conclusion tirée de cet écrit, tous les médias reprennent le flambeau et partage le titre dramatique avec les grandes lignes.

Mon avis après plusieurs années immergé dans le marché des suppléments alimentaires est très basique et peut paraître simpliste : la perfection et le risque zéro n'existe pas et n'existeront jamais, pourtant c'est ce que souhaiterait ce discours, toujours plus aseptisé et trop vite généraliste, qui vous dictera bientôt de porter des scaphandres pour vous rendre au travail. 

Compléments alimentaires - les différents contrôles en place

1) En immersion avec les laboratoires et la DGCCRF je peux témoigner que le manque de contrôle comme l'indique l'article n'est pas à ce point laxiste. Les fraudes, pilier de la réglementation, contrôlent et autorisent la fabrication de chaque nouveau supplément. Les dosages, les ingrédients, tout est analysé avant validation et donc avant production selon la réglementation en vigueur. Cette procédure est en effet réalisée sous forme de déclaration et ne nécessite pas d'analyse obligatoire du produit fini, or les ingrédients et les dosages sont connus des fraudes et permettrait donc d'autoriser ou d'interdire la mise en vente dudit complément.

2) L'étiquetage de chaque supplément est contrôlé par un service juridique qui assure que le texte et les images qui s'y trouvent respectent la législation. De mon expérience, il n'y a aucune marge de manoeuvre et les allégations santé sont presque toutes interdites sur les emballages.

3) Concernant les additifs alimentaires, d'ici peu, les fabricants n'auront pu le droit d'indiquer sur leurs emballages que leurs produits sont exempts de dioxyde de titane alors que tout le marché semble en faire la traque. Toutefois, cette mention ne signifie pas que le supplément est de ce fait parfait.

4) Les dosages des ingrédients mêmes s'ils sont déjà limités par la législation ne sont pas pour autant tous recommandables. On sait aujourd'hui que plusieurs minéraux ou vitamines sont plus préjudiciables que bénéfiques pour la santé. L'histoire se répète pour les anti-oxydants, qui, en surnombre deviennent au final oxydants. Il est difficile de savoir quelles sont les interactions entre les uns et les autres, c'est pourquoi mieux vaut privilégier des suppléments dosés modérément que les suppléments qui détiennent le trophée de la liste d'ingrédients la plus longue.

5) Enfin, les fraudes contrôlent de façon aléatoire certains suppléments chez les revendeurs, et s'il y a bien une critique a émettre, c'est sur ce dernier point. En effet, le revendeur est tenu responsable le cas où le produit n'est pas conforme aux analyses laboratoires. Que peut faire un petit revendeur de quartier face à un fabricant international pesant plusieurs millions d'euros ?

Compléments alimentaires - les défauts de contrôles

S'il y a bien un souci dans la logique de procédure, c'est sur ces contrôles aléatoires qui devraient être directement réalisés sur les chaînes de fabrication, à la source et non préjudiciable au petit commerçant incapable de payer des analyses laboratoires bien trop coûteuses pour chaque produit.

Ainsi, comme toujours le commerçant, extérieur au processus de fabrication, paye en partie le prix des erreurs du fabricant étranger, qui lui est presque couvert est hors de portée des fraudes Françaises.

Enfin, l'arrivée d'Amazon est du marché international n'arrange en rien la réglementation qui se voit impuissante face au déferlement d'achats effectués à l'étranger, non soumis aux mêmes réglementations qu'en France.

Il faut rappeler que même au sein de l'Union Européenne les normes changent d'un pays à l'autre, et permettent donc de trouver des suppléments dosés à 200 mg de caféine, alors qu'en France la dose maximale est autour de 100 mg et même là ce n'est pas bien clair. Comment contrôler ces différences et comment les pénaliser quand il suffit de passer la frontière pour en profiter ?

Difficile de faire la chasse aux malversations quand de plus en plus les consommateurs usent de vendeurs étrangers pour s'approvisionner, s'il y a bien une confusion, nous l'a devons à l'Europe et à son cafouillage administratif.

Les besoins en vitamines sont couverts ?