Suite à mon article : « combien de temps accorder à la rentabilité de son entreprise« , beaucoup d’entre vous ont réagi en toute connaissance de cause, je pense à Nathan qui se reconverti après 7 ans à son compte en micro entreprise dans le domaine de l’informatique, je pense à Olivier qui a tout un passif au sein du monde associatif, je pense également à Sébastien qui était à la tête d’un commerce pendant plus de 10 ans avec une expérience des plus intéressantes, etc.
Je me suis nourri de vos témoignages qui m’ont inspiré ce nouvel article qui concerne les gains (la rémunération sous différente forme) et votre rapport (la tolérance) aux difficultés et aux échecs.
Ce dernier article sur les efforts à réaliser pour rentabiliser son entreprise, dans lequel je parais me plaindre du comportement des gens, notamment des clients de ma précédente entreprise, est avant tout un bilan de ce que fut ma réalité pendant 9 années. Une réalité que vous devrez affronter à différents niveaux, si vous prenez comme moi le chemin de l’entrepreneuriat et/ou du sport.
J’ai écrit cet article sur une tonalité réaliste, qui peut parfois paraître plus négatif que bien d’autres consultants/coachs pourraient vous laisser entendre avec des conclusions flamboyantes d’optimismes. Mon premier assureur m’avait dit il y a plus de 15 ans, « Maintenant que vous êtes votre propre employeur, attendez-vous un jour ou l’autre à passer en justice pour une raison ou une autre et assurez-vous en conséquence », je pensais à ce moment-là qu’il voulait me vendre ses contrats, mais en fait il avait totalement raison !
«Se préparer au pire», c’est ça la réalité de l’entreprise.
Sommaire de l'article :
GAINS ET TOLÉRANCE AUX ÉCHECS
Réalité vs Fiction
Quand j’ai démarré à 20 ans, mon banquier a qui j’ai du montrer patte blanche pour l’obtention de mon crédit, était très pessimiste. Malgré le prévisionnel que je lui annonçais, il ne me montrait aucun signe de confiance, mon jeune âge n’aidant pas du tout. Il n’a cessé de me mettre en avant les chiffres sur la situation économique du marché en 2005, sur les risques et sur le nombre de faillites des entreprises. Pour autant, ma détermination n’a pas faibli et je me suis senti conforté en ayant pris la mesure de tous les risques que je prenais en m’endettant dans une période peu propice au développement d’activité commerciale de ce type. Quelque soit la réalité du marché, ce discours n’aurait bien évidemment pas été le même si j’avais posé une liasse de 30 000 € sur la table.
Les milléniums tant habitués à vivre dans le superficiel, et les futilités, préférant croire aux doux mensonges qu’à la dure réalité, sont-ils prêts à entendre la vérité ? Les réactions auxquelles je suis quotidiennement confrontées sur les réseaux me laissent penser qu’il y a du travail à faire. A commencer par arrêter de leur faire croire n’importe quoi.
Si vous n’êtes pas prêt à l’entendre, sans doute n’êtes-vous pas prêt à entreprendre.
Une réalité enrichissante
Mettre à nue la réalité ne devrait pas être décourageant ou frustrant, mais enrichissant. Cela permet avant tout d’avoir connaissance des différents facteurs négatifs et/ou positifs qui peuvent influencer la santé de votre entreprise (et donc de vos possibilités d’évolution – idem dans le cadre de la musculation). Pendant toutes ces années je n’ai pas forcément profiter de relations avec des personnes qui réussissaient, la plupart du temps il s’agissait de confrères en difficultés et de leurs mauvaises expériences desquelles je pouvais tirer profit, tentant d’éviter de faire les mêmes erreurs.
Il est plus facile de ne pas refaire les mêmes mauvais choix, que de faire les bons choix qui souvent étaient liés à des investissements financiers ou à des situations géographiques qui ne m’aidaient en rien dans ma quête de perfectionnement et d’amélioration.
Beaucoup de mes confrères se plaignaient régulièrement, laissant entendre des discours bien moins enthousiastes que ceux qui vous prêchent la réussite et la richesse facile. Ce n’était pas vendeur, et s’ils auraient du vendre une formation, ils auraient fait chou-blanc.
Toutefois, ces discours n’en faisaient pas pour autant des entrepreneurs sensibles, fragiles ou naïfs. Peut-être aigri, mais la définition d’aigri est à double tranchant, et souvent associé à un comportement malsain. Une personne aigrie donnerait la sensation de prendre du plaisir à empoisonner la vie de son entourage avec ses conseils et son comportement. Or, dans ce cas précis, ces entrepreneurs souffrants des difficultés contextuel avaient bien d’autres objectifs personnelles que de nuire à leurs proches. Tout au plus, ils avaient besoin de soutien.
Bien souvent il ne s’agissait que d’hommes passionnés par leur métier, témoins impuissants de changements économiques profonds. Avec toute la volonté et la rusticité du monde il n’aurait pu freiner ce changement de paradigme.
Rémunération vs tolérance
Selon notre niveau de rémunérations/gains (dans notre vie pro et sportive) nous avons tous une certaine tolérance et une certaine sensibilité aux échecs, qui n’a rien à voir avec une forme de sensibilité sentimentale ou émotionnelle.
C’est une sensibilité aux efforts qui varie selon les contraintes et vos gains.
Pour prendre mon exemple, au vu des gains que m’apportent mes réseaux sociaux, je n’envisage pas de prendre le risque d’afficher davantage ma vie privée, comme certains me l’ont parfois demandé. En essayant par exemple de me positionner sur Youtube ou d’agrandir ma communauté en confiant plus de mon intimité (via une forme de personnalisation, de confession et d’humanisation de mes réseaux sociaux).
Le choix de s’exposer est difficile – tolérer et subir des affronts quotidiens, laissant de fait n’importe quel idiot critiquer vos piercings, votre coupe de cheveux, votre couleur de peau, le volume de tel ou tel muscle, etc. Cette tolérance est corrélée à votre rémunération (plaisir, financière, sous toutes ses formes) et l’a toujours été. Pour quelle raison devrais-je m’exposer et accepter les critiques, les agressions, les tentatives de hacking, les usurpations d’identités, si je ne suis pas rémunérer à hauteur de ces contraintes ?
Quand un samedi soir votre téléphone clignote des spams d’un abruti qui a commenté vos publications facebook ne sachant pas quoi faire de son week-end, vous ne vendez pas plus de suppléments ou de coaching pour autant. Il s’agit là d’utiliser son image et une partie de sa vie qui ne peut être comparé aussi facilement à un autre savoir faire qui n’engage pas toute votre personne dans le processus. Dans ce cas, il est plus difficile de se protéger.
Passer 5 heures à la réalisation d’une vidéo YouTube si celle-ci ne vous apporte rien avec le lot d’emmerdes qui va avec que l’on connait, le feriez-vous en rentrant de votre journée de travail ? C’est un risque à prendre et à considérer.
D’autres exemples plus commun : tolérer 10 h de travail en plus sans rémunération supplémentaire (il y a des métiers comme la restauration qui sont plus propices aux heures supplémentaires), de devoir gérer le transport de vos collègues sans avoir une compensation pour l’essence, d’être le seul assigné à réaliser l’entretien de votre entreprise sans avoir une prime, de répondre aux appels après 20 h sans gagner plus de clients, de dépanner vos clients le week-end sans avoir en retour leur fidélité, offrir vos conseils dans un domaine donné sans rien gagner en retour. Un métier qui demande des déplacements réguliers à l’étranger ne peut pas être rémunérer à la même hauteur qu’un métier pour lequel la contrainte « mobilité » est inexistante, etc.
N’importe quel effort fait en « supplément » de votre contrat, non rémunéré (directement ou indirectement), peut convenir à cette liste, quel qu’en soit sa nature. En tant qu’indépendant, cette frontière est pour ainsi dire inexistante, et sans discipline de votre part, vous avez vite fait de travailler tout le temps (cf. combien de temps accorder à la rentabilité de son entreprise, la réalité). A notre époque, en tant que salarié, on vous demande souvent de faire plus que vous ne le devriez, pour la survie de la société.
Nous pourrions considérer à ce titre que les acteurs peuvent bien supporter les paparazzis et les autres faits liés à leur popularité pour toucher quelques dizaines de millions de dollars à chaque nouveau film réalisé et ainsi conditionner leurs vies en fonction de ces contraintes (maison isolé, garde du corps, jet privé, chauffeur, livreur privé, etc.).
Chaque corps de métier à sûrement un ratio de contraintes corrélé à sa rémunération (ou pas) en fonction de son implication et de son exposition personnelle.
Chacun a plus ou moins sa propre tolérance à ce ratio : «contraintes – gains» et décidera ce qui lui convient et quels efforts il est prêt à faire pour profiter de ces opportunités. Certains ne pourront jamais s’exposer à la critique publiquement, mais n’auront aucun mal à se déplacer pendant leur temps libre pour dépanner des clients (sur des métiers manuels par ex.), d’autres auront plus de facilité à mettre en avant leur personne et s’exposer, mais ne se priveront jamais de leur temps personnel.
Le cas dans le sport
Nous pouvons faire ce biais en musculation, ou aujourd’hui l’aspect naturelle et génétique des gains et beaucoup plus mis en avant qu’il y a 10 ans où la distinction entre athlètes dopés et naturels n’étaient pas discutée aussi librement (cf. comparaison de bodybuilders pros dopés vs amateurs). Prendre conscience que le niveau physique de son idole n’est atteignable que par de la chance et de la drogue pourrait en décourager plus d’un. Pour autant faut-il laisser tomber la musculation, non. D’ailleurs comme toujours il y a des exceptions à la règle et certains pratiquants naturels exposent des physiques et des performances suffisamment motivantes pour donner espoir.
La chasse est pourtant bien ouverte, et il n’y a jamais eu autant de débats pour déterminer qui est dopé de qui ne l’est pas. A ce point ou même des pratiquants naturels sont maintenant pointés du doigt par des gens avec de moins en moins de résultats physiques. La raison, les pratiquants de musculation en salle ne sont pas musclés (cf. article de Fabrice Proudhon : pourquoi les pratiquants en musculation ne sont pas musclés) et cela suscite de la frustration ainsi que de la jalousie sur fond d’incompréhensions.
Certains sportifs sont plus tolérants à la contrainte et n’ont aucun problème à se nourrir 6 fois par jour (3, 4 à 6 repas sont nécessaires selon les besoins caloriques de chacun), à s’entraîner plus longuement et intensément, sans pour autant assurer un niveau de gains croissants. Plus les gains sont importants, et plus on a tendance a vouloir en faire, porter par les résultats. Alors que ceux, qui ne verront que peu d’efforts après 1 an de pratique, privé d’une génétique et/ou d’une morphologie adéquate, vont considérablement réduire leur implication à la salle, se limitant au stricte minimum (pour ceux qui n’abandonnent pas complètement).
Avec la tendance au fitness de plus en plus de jeunes vont à la salle s’intéressant indirectement à la musculation. Ils vont à la salle parce que c’est un effet de mode, parce que le culte du corps est partout, parce qu’il faut suivre le mouvement. Seulement, les raisons pour lesquelles ils s’impliquent ne sont souvent pas suffisants à gravir les échelons et à obtenir des résultats.
La rage que nous avions pour nous surpasser (et que j’ai toujours) est aujourd’hui quasi-inexistante, et le moindre détail fait mouche, préférant les tempos à la prise de masse, fuyant la moindre once de gras pointant sur leur bas ventre, adorant les grosses fréquences pour se sentir dans l’ère du temps, et tous ces détails qui les freinent au lieu de les faire progresser.
Généralement les milléniums arrivent en salle, s’entraînent 3 à 6 mois, 5 à 6 fois par semaine (puisque c’est la mode), se fatiguent, s’épuisent, se dégouttent et arrêtent la musculation. Ce sont ces mêmes personnes que l’on retrouve ainsi à critiquer les pratiquants naturels qui affichent des résultats, ne s’expliquant pas les performances des autres, alors qu’eux-mêmes ont échoué ou ne progressent pas. A force de subir «l’ère marketing» et de surcroît la superficialité qui en émane, leur tolérance face aux contraintes semble érodée et très limitée, bien qu’heureusement ce ne soit pas une généralité.
J’insisterais toujours pour dire les choses comme elles le sont, sans passer de la vaseline inutilement dans la seule optique de bien se faire voir.
GAINS ET TOLÉRANCE AUX ÉCHECS – CONCLUSION
Evidemment quand nous n’avons pas le choix nous sommes bien plus tolérants et sommes souvent contraints d’accepter la situation en espérant qu’elle s’améliore. Sinon toute une gamme de métiers, de sports ou autres activités viendraient à disparaître; laissant place à l’inactivité totale et à aucune prise de risque. «La passion» est le moteur des hommes dans biens des circonstances et il ne s’agit pas toujours (que) d’une histoire de gains.
Notre tolérance dépend donc également du contexte dans lequel nous évoluons et des choix que nous pouvons faire ou ne pas faire pour améliorer notre qualité de vie, ainsi que nos différents plaisirs. Pour une majorité de la population cette tolérance est en grande partie influencée et déterminée par les tendances sociales.
En musculation comme dans le monde de l’entrepreneuriat il faut avoir un niveau de tolérance bien supérieur à la normale pour continuer et s’acharner à obtenir des résultats, qui généralement dans ces 2 domaines spécifiques ne garantissent pas toujours de rapides résultats.
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