Aujourd’hui, j’ai envie de râler, j’ai envie de secouer tous ces nouveaux arrivants qui veulent se mettre à faire des compétitions en musculation parce qu’ils ont reçu 2 likes sur leur dernière photo instagram, vous savez tous à quel point il est bon de râler de temps en temps, c’est mon jour, alors pardonnez moi du peu.
Je n’ai jamais été attiré par les compétitions en musculation, même si j’ai toujours eu un profond respect pour ceux qui concourent à différents niveaux professionnel, j’admire vraiment l’implication que cela demande et la ténacité des sportifs.
Je dois aujourd’hui noter une nouvelle mode qui s’inscrit un peu partout : le besoin de faire de la compétition !
Sommaire de l'article :
LES COMPÉTITIONS EN MUSCULATION ET LES RÉSEAUX SOCIAUX
De plus en plus de gens participent à des concours de body. Il y a quelques années seulement, quand vous organisiez une compétition, il y avait tout juste assez de monde pour justifier son organisation. Seulement aujourd’hui, il semblerait que tout le monde se prépare pour une compétition sur internet. Certains démarrent la musculation à domicile depuis 3 semaines et pensent déjà à faire un podium, d’autres n’ont même pas encore commencé, mais veulent monter sur scène faire un posing.
Sans même connaître leur potentiel, ou sans même avoir un quelconque niveau ils veulent se mesurer aux autres et gagner. La majorité aurait plus de chances de percer dans le golf, d’autres à réaliser des tableaux de maîtres que de faire du muscle.
Ce n’est pas tant la participation à un concours qui me dérange, mais plus la compétition entre chacun (chacune). Alors que vous ne devriez même pas penser à ça si vous n’avez pas au moins 2 ans d’expériences sous les barres, un minimum de régularité, de sérieux, et une génétique qui en vaut la peine.
Si vous êtes le moins fort de votre salle, si vous êtes à un ratio poids -5 kg / taille, si vous votre physique est banal, si personne ne vous insulte de drogué alors vous n’avez rien à faire sur une scène de bodybuilding
D’un côté nous avons des podiums de bodybuilders dopés, et de l’autre des novices qui n’ont même pas 40 cm de bras (idem pour les femmes qui laissent penser qu’acheter un bikini rose fluo, 6 séances d’UV suffisent à monter sur scène).
La faute aux réseaux sociaux
Les médias sociaux sont en grande partie responsables de cette nouvelle tendance. Les gens veulent être admirés, ils ont besoin d’attention, et ils veulent être des « stars ».
Ils veulent qu’on leur dise à quel point ils sont beaux.
Ils vivent pour leur photo quotidienne sur Facebook ou Instagram pour voir combien de « j’aime » et de commentaires ils obtiendront. Alors que finalement, il faut le dire, tout le monde s’en fout !
Sur les réseaux, les gens likent les photos parce que ça ne demande aucun effort, et tout le monde s’en fout que vous avez fait des écarts, que vous avez prit du poids, que vous avez un biceps plus gros que l’autre.
Le résultat est que du fait de leur pseudo popularité sur les réseaux, certains amateurs se prennent pour des professionnels durs à cuirs, s’habillent comme des mecs qui sont sponsorisés par des marques de sport comme Adidas, alors qu’on leur offre même pas une paire de chaussette.
Les femmes ne sont pas en reste, elles commencent à s’habiller pour la salle, comme elles s’habilleraient pour un shooting photo sexy, avec des vêtements moulants ou toutes les formes ressortent, je dis bien toutes les formes ressortent !
Certaines se plaignent d’être harcelées par message privé, alors que leur profil n’est que strings et fesses nues.
On voit aussi une forme de condescendance sur les réseaux et même en salle envers ceux qui ne font pas de compétitions, comme si nous amateurs, nous étions une sous-catégorie.
Être en compétition pour les mauvaises raisons
J’espère que se lancer dans une compétition ne signifie pas uniquement pouvoir faire de nouveaux selfies et les poster sur instagram.
Si c’est ça, ce n’est pas faire de la compétition pour les bonnes raisons. Ils sont en compétition pour recevoir de l’attention, ils sont en compétition pour pouvoir dire qu’ils sont en compétition.
Et ce ne sont pas vos amis ou votre entraîneur qui vous dira l’inverse. Vos proches veulent vous aider (enfin j’espère) et ils vous diront toujours des choses positives. « Ouais, tu as vraiment l’air incroyable … Non, ce n’est pas du ventre, c’est la mauvaise lumière qui te rend comme ça. » Il suffit de lire les commentaires sous les publications d’instagram pour se rendre compte du phénomène.
Tout le monde n’a pas ce qu’il faut pour être un bon compétiteur physique. Tout le monde peut s’améliorer et construire un corps dont il peut être fier, mais la compétition devrait être laissée à l’élite ou à ceux qui ont le potentiel d’être des élites.
LES COMPÉTITIONS EN MUSCULATION ET LES RÉSEAUX SOCIAUX – CONCLUSION
Tout le monde ne peut pas devenir champion. Les gens comprennent que quelqu’un qui porte des verres progressifs peut difficilement devenir tireur d’élite, ou pilote de ligne, même en s’entraînant plusieurs fois par jour pendant des années. Mais j’ai l’impression qu’en musculation, ses repères sont moins évidents, alors que pourtant ils le sont tout autant.
Il faut être honnête, si vous êtes étroit, avec une ossature très fine, des muscles courts, des facilités à faire du gras, vous n’avez que peu de chances de devenir Mister Olympia, même si vous pouvez tout de même améliorer votre physique pour votre propre santé.
Si après 5 années d’entraînement vous n’êtes toujours pas capable de dépasser les 100 kg au développé couché, c’est que votre potentiel de force est limité, et vous pourrez difficilement faire des compétitions de force. Si vous êtes une femme, avec des hanches larges, une ossature épaisse, vous ne ferez jamais un podium dans la catégorie bikini.
Certains font du gras en respirant, et ont une morphologie inadéquate pour percer dans le milieu professionnel, soyons franc. Cela n’empêche pas toute une catégorie de personne à se forcer à finir 20ème quoi que ça leur en coûte, persuadé d’avoir le potentiel pour finir 1er. Rien n’est perdu tant que l’on peut alimenter sa page Facebook !
Je vous laisse y réfléchir et faire le point avec vos objectifs.
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Steet, je t’ai senti vraiment inspiré sur ce post et je te rejoins sur l’ensemble des points évoqués. 😉
Bien que je n’approuve pas la démarche visant à se comparer à d’autres, en termes de force ou d’esthétisme et que je sois vraiment dans une démarche personnelle (« devenir la meilleure version de soi-même » est une idée qui a beaucoup de sens pour moi), je peux comprendre les gens qui, bien qu’étant à des années lumières d’être en haut du panier, cherchent la compétition. Comme tu le dis, les réseaux sociaux et la démocratisation de la musculation ont cassé les codes et imposer ces normes.
A mes tout début, j’avais pas mal de pratiquants (débutants) qui passaient leur temps à se prendre en photo, à parler de tel ou tel influenceur à coups de « Ouais si tu devais choisir, tu prendrais le physique de qui ? », et bien qu’assez vite je me sois mis en dehors de cette mouvance, j’ai eu quelques moments où j’ai eu envie de faire « comme tout le monde ». C’est tellement plus simple de se conformer ! J’avais demandé à un gars de me prendre en photo lorsque je faisais du curl barre à ma prochaine séance biceps par exemple. Heureusement que j’ai eu la « force » de me sortir de ça, et de pouvoir dire que je ne me suis jamais pris en photo depuis mes débuts ! J’en suis très fier parce que ça donne du sens à mon discours. Je fais de la muscu pour moi, parce que ça me rend heureux. Point.
Le discours « SuperPhysique » m’a vraiment aidé à rester dans cet état d’esprit. Je me suis vraiment retrouvé dans vos valeurs et je pense que c’est ça a beaucoup joué. Encore fallait-il l’assumer par la suite mais, sans « vous », je serais peut-être en train de poser sur Instagram avec mon physique lambda pour un pratiquant et un sac de complément MP alors que je suis pas sponsorisé par eux (True story, j’ai une fille de mon entourage qui pose régulièrement avec des compléments Herbalife & autres saloperies dans le genre, gratuitement :smiley:). Aujourd’hui je suis quelqu’un d’assez marginal et ça me satisfait beaucoup parce que j’ai pas l’impression de me mentir.
Dans le même temps c’est assez facile pour moi de dire ça. Je ne sais pas comment j’aurais réagi si j’avais été un peu plus doué et si j’avais un physique plus en rapport avec mon investissement. Peut-être que je me serais laissé griser, que l’ego l’aurait emporté et que j’aurais un comportement tout à fait différent. Ma « singularité » vient peut-être du fait que justement je ne sois pas doué de base. Seulement, il m’arrive régulièrement de voir des personnes ayant un niveau inférieur au mien, avec un corps de skinny fat comme j’avais il y a encore quelques années, se prendre en photo dans le miroir torse nu #FitnessLife.
Pour ce qui est de la condescendance dans les salles, je ne peux que te rejoindre encore une fois et notamment lorsqu’elle provient du mec dopé qui a des trap sup et un arrière d’épaule de la taille de ma cuisse. J’ai appris à être moins strict dans ma façon de juger les personnes dopées, car, comme tu l’abordais dans l’une de tes newsletters mais également dans celle-ci au détour d’une phrase, il est important de ne pas tomber dans la psychose et de ne pas jalouser l’ensemble des pratiquants doués en les catégorisant dans la case « dopés ».
Bref, je pense que ce post ferait du bien à beaucoup de personnes et permettrait de remettre un bon coup de réalité dans leur vie. 🙂